Vague à l'âme

Lettre d’Adieu à un capitaine égaré

Je n’ai su trouver les mots pour écrire avant de partir sur cette carte que je t’ai offerte.
Je t’écris à présent ce qui m’est venu.

Déjà des pluies de mots s’abattent sur le clavier. Rien que je n’aie déjà ressenti: c’est le retour insatiable de la vague qui te prend, te soulève, montagne de kif et te rejette sur le sable quand tu n’as plus la force de ramer.

Et moi, je ne suis que la voix de toutes celles qui tomberont encore charmées du romantique marin aux yeux perçants. Je te le disais déjà l’autre matin, et puis tant de choses que j’ai tues. Suspendues. Ma bouche taisait ce que mes yeux criaient. J’ai préféré encore baiser tes lèvres que voir ce que je ne souhaitais croire. 

Je ne te connais pas encore assez mais suffisamment pour aimer ta façon d’être si flegmatique et si entière. J’ai toujours nourri une attirance forte envers ces ambiguïtés de caractère qui ne savent pas où ils vont mais y vont d’un pas sûr et serein. Complètement fous et rêvant une paix qu’ils n’auront jamais. À refuser d’aller à la racine de vos peurs, vous n’entreprenez pas le plus grand des voyages, sur le bateau des incertitudes. Celui sur lequel je vogue moi tous les jours aux aléas des vents et marées de lune inconnue, portée par des soleils d’amour et des nuits d’optimisme.

Lire l’autre, pour mieux se connaître. Mieux se connaître pour vivre plus intensément et ouvrir à l’autre ses bras encore plus grands. J’ai vécu quinze jours hors du temps où rien ne comptait que ce bateau, les vents et nos rires.T’observer, t’apprivoiser et me demander...

L’amour se vit de multiples façons. Dans l’instant il est brillant et se dore d’une parure à toutes les promesses. Dans le temps il revêt son cuir et ses fourrures de consolations chaudes, au foyer brûlant où n’être plus jamais seul est un festin. 

C’est de cet amour dont je me sens capable et dont je rêve la possibilité. La vie s’affronte mieux à deux, et ce que le temps a construit est la seule chose qu’il nous reste lorsque les dents nous manquent et que le froid vient. C’est un amour inimaginable quand il n’a jamais été vécu. Il est souterrain, diamant brillant qui s’enracine dans les profondeurs de l’être. 

Bien sûr il faut y croire. Porter hautement sa foi. S’enthousiasmer du bonheur des petites choses et garder l’humilité d’un destin de géant. À ce sujet je pourrais écrire encore cent ans et déjà de longues lignes ont coulé derrière moi. 

Bon vent mon capitaine car je n’ai rien trouvé de mieux à dire. Je t’en regarde aller et glissent sur moi tous ces bons moments. Main tendue entrouverte, yeux humides, cheveux salés, cœur mouillé de cet amour avorté.

Bon vent mon capitaine car ce n’est que ce que je te souhaite. Que les vents te portent là où tu souhaites aller. Et que tu saches au moins où tu es. N’oublie pas de pointer; les étoiles te guideront toujours. Vois comme elles s’allument sur ton chemin.